l'ONU exhorte Israël à rouvrir Gaza à l'aide humanitaire
Trois agences de l'ONU ont exhorté vendredi Israël à mettre fin à son blocus de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, qui expose les Gazaouis à la famine, alors que l'armée israélienne a lancé un nouvel appel à évacuer des secteurs du territoire en prévision de nouvelles frappes.
Selon la Défense civile palestinienne, au moins 40 personnes ont été tuées dans la journée dans la bande de Gaza, où Israël a repris depuis le 18 mars son offensive militaire, après deux mois de trêve, affirmant vouloir contraindre le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages encore retenus depuis l'attaque du 7 octobre 2023.
Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a dénoncé dans la soirée le blocus israélien des livraisons humanitaires, en vigueur depuis le 2 mars, pointant "une famine provoquée par l'homme et motivée par des raisons politiques".
Vendredi soir, l'armée israélienne a appelé les habitants de trois zones de la ville de Gaza (nord) à évacuer en prévision d'une frappe. "En raison d'opérations terroristes contre nos forces depuis les zones mentionnées, l'armée va lancer une attaque puissante sur toute zone utilisée pour mener ces opérations terroristes", a écrit sur X le porte-parole en langue arabe de l'armée, Avichay Adraee.
Plus tôt, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir livré "ses derniers stocks alimentaires aux cuisines servant des repas chauds dans la bande de Gaza", lesquelles "devraient être totalement à court de nourriture dans les prochains jours".
Israël a stoppé les livraisons humanitaires en accusant le Hamas de les détourner, ce que ce dernier dément, accusant en retour Israël d'utiliser "la famine comme arme de guerre".
- "Des vies en dépendent "-
La fermeture des points de passage depuis plus de sept semaines est "la plus longue que la bande de Gaza ait jamais connue", a noté le PAM, une des principales organisations internationales fournissant de la nourriture sur place.
Selon le PAM, plus de 116.000 tonnes d'assistance alimentaire – "de quoi nourrir un million de personnes pendant jusqu'à quatre mois" - sont entreposées à proximité des couloirs humanitaires, dans l'attente de pouvoir entrer dans le territoire.
Ce blocus "doit prendre fin", a insisté vendredi soir le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, pointant l'épuisement des fournitures médicales. "Des vies en dépendent", a-t-il écrit sur X.
Parmi les 40 personnes tuées vendredi par des frappes israéliennes à travers le territoire, figure, selon la Défense civile, une famille de cinq personnes - une femme enceinte, son mari et leurs trois enfants - dont la tente a été bombardée près de Khan Younès (sud).
"Pendant combien de temps est-ce que des civils sans armes continueront d'être pris pour cible dans leurs maisons et leurs tentes?", s'est indigné un membre de la famille, Rami Abu Taima, auprès de l'AFP.
Ramy, un autre Palestinien qui s'identifie sous son seul prénom, a aussi perdu son fils de trois ans dans un bombardement à Khan Younès.
"On ne le trouvait pas. Je suis retourné dans la tente et je l'ai trouvé en feu", dit-il.
- Une délégation du Hamas au Caire -
"La guerre doit cesser à tout prix. Le monde entier doit intervenir pour y mettre fin", a lancé un autre habitant de Khan Younès, Abed al-Arja. "C'est une guerre folle".
Jeudi, des bombardements israéliens avaient, selon la Défense civile, fait plusieurs dizaines de victimes, notamment à Jabalia (nord).
L'armée israélienne, qui considère cette ville comme un bastion du Hamas, a dit y avoir ciblé "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique", un groupe allié.
Israël, dont les troupes ont déjà pris le contrôle de plus de la moitié du territoire palestinien - d'après un calcul de l'AFP à partir des cartes publiées par l'armée - y lancera une offensive "plus vaste" si les otages ne sont pas libérés, a affirmé jeudi le chef d'état-major de l'armée, le lieutenant général Eyal Zamir, lors d'une visite à Gaza.
Une délégation du Hamas va rencontrer les médiateurs égyptiens samedi au Caire pour y discuter d'une solution en vue de mettre fin à la guerre, a déclaré vendredi à l'AFP Taher al-Nounou, un dirigeant du mouvement islamiste palestinien.
Selon des chiffres publiés vendredi par le ministère de la Santé du Hamas, au moins 2.062 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, ce qui porte à 51.439 le nombre de morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.
W.Carter--SFF